Solitaire malgré moi

29 novembre 2014

Solitaire malgré moi

Je n’ai jamais aimé m’attacher aux autres. « C’est égoïste » vous me direz. C’est un fait. J’en suis consciente mais c’est ainsi. J’ai multiplié les expériences et à chaque fois, la déception a été au rendez-vous. Je viens de ranger 10 ans d’amitié au placard. La pilule est amère mais bon, c’est un dégât collatéral.

Il faut peut-être remonter le passé pour comprendre.10409600_866238686740444_8876268049191048591_n

J’ai été fille unique jusqu’à l’âge de 5 ans et puis un beau jour, ma défunte mère est rentrée à la maison avec « Ton petit frère ». J’ai eu un pincement au cœur et puis c’est passé. Basta mes petits privilèges. Je lui ai donné le peu d’amour qu’on m’avait transmis. Il était la prunelle de mes yeux. Je ne faisais jamais un pas sans lui. Bagarreur, j’étais son avocate. Un matin, nous avons été séparés. J’ai pleuré toutes les larmes de mon petit corps.

En fait, ma mère était une femme instable. Elle aimait courir la terre. Je n’achevais jamais une année dans une ville. A peine, nous nous étions installées quelque part qu’au bout d’un moment, nous étions reparties : « Rose, on va voir Tata Aïcha au Nord ». Je ne compte même plus le nombre de tontons et de tatas que j’ai croisés sur mon chemin.J’ai tendance à reproduire le même schéma. La routine m’épuise. Je fais tout à mon rythme.

Ayant constaté que mes études allaient en prendre un sérieux coup mon oncle et son épouse avaient décidé de me récupérer. Je n y avais pas été préparée. Comme à l’accoutumée, nous sommes montées dans un bus et nous avons débarquées à Douala, la capitale économique du Cameroun. Petit Paris dans les années 90. Ma mère et moi sommes restées deux jours ensemble. Un matin. Je me rappelle bien. Nous nous dirigions vers le portail, ma tante m’a saisie par le bras et m’a dit « Reste avec moi, ta maman doit partir et sans toi » Tout ce que j’entendais ma mère dire au loin c’était « Rose sois forte. Tu seras heureuse ici, tata Pauline et son mari vont bien s’occuper de toi » Elle pleurait aussi. Elle est montée à bord d’un taxi. Et avant de disparaitre, le portail s’est refermé sur mes yeux larmoyants dans un bruit fracassant. Je crois que c’est à partir de ce jour que j’ai commencé à me défaire de tout. Des gens surtout.

C’est ici. C’est dans cette maison de bobos. Dans cette maison témoin de la Maetur de Douala à Bonamoussadi que j’ai appris à me tenir à table. A aller à l’école comme tous les gamins de mon âge. A faire profil bas. A me forger un caractère de fer. A m’effacer. A encaisser. A pleurer en silence… Imaginez un oiseau qui vole partout ou ses ailes le portent et puis un jour, il se trouve prisonnier dans une CAGE dorée. Je détestais cette vie.

En dix ans. Pas un coup de fil. Pas une seule lettre. Deux visites. La première fois, Dieu me pardonne. J’ai renié ma mère devant mes camarades. A l’âge de la puberté, (il parait que j’étais têtue comme un âne) mon oncle qui s’était retrouvé trop tôt veuf et à nourrir 6 bouches m’avait renvoyée à Yaoundé. « Une autre longue histoire » Je n’ai revu ma mère qu’à l’âge de 17 ans. Nous sommes restées à peine deux mois sous le même toit avant qu’elle n’avale son acte de naissance. J’avais 19 ans. Nos rapports étaient difficiles. Je lui en voulais de m’avoir abandonnée comme l’autre.

A l’école, j’étais tout le temps seule. Je me déplaçais généralement toute seule. Comme si j’avais quelque chose à cacher. Chose curieuse !!! J’attirais les gens autour de moi. Aujourd’hui encore. Trop blagueuse. Je ne prenais jamais rien au sérieux. Je riais de tout. Mes camarades, mes enseignants m’aimaient mais moi Je me méfiais d’eux. Hypocrite ? J’avais peur de les décevoir.

Je détestais les repas en famille. Je détestais me rendre chez les autres. Voir les autres entourés de Papa et maman. C’était un supplice. Dès qu’un garçon venait me conter fleurette « Rose quand je te vois, mon cœur pile le taro » Je filais à l’anglaise. J’ai souvent aimé mais des Bandits. Là encore c’est une autre histoire.

Je détestais marcher avec les enfants dits de riches. Surtout les snobs. J’avais une préférence pour les pauvres. Ceux qui étaient pauvres et fières. J’ai connu cette vie furtivement. Ma mère m’amenait souvent dans les ghettos de la briqueterie, au centre ville de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Là bas, on riait à gorges déployées. Fille de Médecin Réputé, ma mère ne trouvait le bonheur que dans les marmites de personnes dépourvues. La faute s’en doute à mon grand-père (Mon grand et unique amour) qui leur avait enseigné de ne jamais vivre au-dessus de ses moyens.

J’ai eu deux vraies amies. 2. Elles étaient souvent là pour m’aider à sortir mon moral des chaussettes. La dernière me rappelle souvent ma mère. Elle a rencontré le grand amour. Et dieu seul sait que lorsque la flèche de cupidon te pique, la terre peut brûler. Là ou le bas blesse, elle a eu la brillante idée de ne pas me convier aux funérailles de son père.

Je me suis sentie exclue et ça m’a rappelé oh combien, la vie avait été injuste envers moi. Vivre sans amour. Quoi de plus destructeur. Quand j’entends les filles dire « Je fais mon enfant et basta ». Je plains ses enfants qui connaitront peut-être ma douloureuse expérience.

Ne pleurez pas !!! J’avais juste besoin de parler… MERCI

Partagez

Commentaires