14 juin 2013

Petit chauffeur à bord

 

images

Les conducteurs de taxis-brousse des petites localités de la région de l’ouest Cameroun surnomment ainsi les passagers qui partagent leurs sièges.
Un tour à BANA, dans le Haut-Nkam, région de l’Ouest récemment m’a permis de faire la connaissance de cette catégorie de chauffeurs/passagers. Le fait est quasi banal.

Pour se rendre à BANGOU, BAMENA, BAHAM…Le « Petit chauffeur » vient serrer les trois personnes occupant déjà la cabine. Au total, 8 passagers à bord pour une voiture qui ne peut en prendre que 5. Ajoutez-le trop plein de bagages à la malle arrière et au dessus de la voiture. Des chèvres et des porcs parfois. La surcharge. Un gros risque pour les passagers que les chauffeurs de cette région piétinent.
« Il n y a pas suffisamment de voiture ici à l’ouest. Le carburant est cher ( ). Les routes des quartiers sont mauvaises», justifie ce chauffeur avec un accent mêlé au patois qui menace le français. Mr Tamo omet de préciser qu’il en tire un gain de 50 % supérieur à ce qu’il aurait normalement gagné dans des conditions de transport respectant l’orthodoxie. A savoir, 1 passager pour le siège avant, à raison de 200 frs Cfa au lieu de 300 frs Cfa pour une distance d’à peine 200 mètres…
Profil
Seules les personnes de petit gabarit sont admises à la place du « Petit Chauffeur».
Sur le trajet, une quinquagénaire d’au moins 100 kilos veut absolument s’assoir là. « Tu es trop grasse, tu vas m’écraser », lui répond-Mr Tamo amusé. Il lui préfère sa voisine à la taille de guêpe.
Étonnant! Les passagers ne semblent pas gênés par cette situation « Ma fille, on n a pas le choix. Quand tu es pressée, tu montes seulement », soutient un passager face à ma surprise.

Le « Petit chauffeur » roule pourtant dans une position inconfortable « Pardon ma sœur, envoie ton bras sous ma part. Mets-ton pied droit de l’autre coté du levier de vitesse », supplie sans gêne le conducteur. Elle s’exécute sans rechigner. Au moment de passer les vitesses, il la relance « Arrange-toi bien, je veux changer de vitesse », c’est sans compter qu’elle est déjà assise sur une fesse et qu’elle doit composer avec le 3eme passager du siège avant, lui-même mal installé.
Péage de Bayan’gam. Les policiers contrôlent. Interpellé, Mr Tamo se gare. Il prend 300 francs Cfa dans sa caisse et va à la rencontre de l’un des agents. Petit échange complice. Il lui refile les sous en lui serrant la main. Mr Tamo regagne son taxi « Mon père, pourquoi encouragez-vous la corruption ? » Les autres répondent « Est ce qu’ils voient clair ? Comme c’est dur sur nous, c’est aussi dur sur eux. Tu n’habites pas ici ? On est habitué » Ah !!! Ok.
Bon à savoir : La surcharge est monnaie courante au Cameroun. Elle varie d’une région à l’autre. La crise économique aidant, elle a fini par embarquer Mr tout le monde à bord. Mal gré, bon gré, les passagers en paient les frais au quotidien et les chauffeurs de taxis et même des cars se frottent les mains. Les policiers laissent circuler malgré l’interdiction.

Partagez

Commentaires

Baba MAHAMAT
Répondre

Bela article qui me fait me rappeler de chez moi, la RCA avec ces chauffeurs de taxi brousse
Merci et courage
Baba